Canonisation Mère Teresa

3 Sep, 2016 | Actualités

Elle a fondé sa congrégation uniquement sur l’Evangile. Un jour, nous lui demandions : « Mère Térésa, quand vous allez voir votre ami Jean Paul II au Vatican, vous qui vivez une grande pauvreté, que pensez-vous des richesses que vous voyez ? »

Elle nous répondit : « Vous me posez une mauvaise question car la vraie question est la suivante : « Est-ce que vous, Mère Teresa, vous vivez la pauvreté de l’Evangile ? »

C’est trop facile de se lancer dans des considérations qui n’engagent pas notre vie au jour le jour. Au contraire, l’Evangile nous oblige à mettre en pratique notre baptême  en laissant notre Père du Ciel nous conduire sur le chemin de la confiance.

Dans la lumière où vit maintenant Mère Teresa, demandons lui le courage de mettre en pratique, très concrètement l’Evangile que nous a donné Jésus.

Mère Teresa était une femme très réaliste : une très grande sainte. Elle avait un caractère entier. Elle savait ce qu’elle voulait.
Un jour nous sommes allés la trouver pour lui dire que ce serait bien que toutes les religieuses qui sont dans les léproseries puissant soigner correctement les pieds infectés souvent pourris des malades. Pendant trois heures, elle nous dit : « Ne changez pas ma congrégation. » Notre réponse très simple : « Nous ne voulons pas changer quoi que ce soit à votre congrégation  mais ce serait bien que vos sœurs aient une petite  formation. Pendant trois heures, la conversation n’aboutissait à rien. A la fin  elle a frappé sur la table en nous disant : « Les frères vous avez la tête dure comme cette table ». Nous nous sommes levés et nous nous sommes approchés du mur et lui avons dit « Mère Teresa, vous avez la tête plus dure que ce mur ».
Nous nous sommes quittés « mi figues mi raisins ». Mais le matin suivant, après l’Eucharistie, elle est venue vers nous en nous disant : « J’ai beaucoup réfléchi. J’ai prié cette nuit et c’est vous qui avez raison ». Quelle humilité. Et quel regard profond sur l’ Evangile.
Elle avait un réalisme extraordinaire. Le jour, où elle nous a dit : « Allez faire un stage dans telle léproserie. »

Elle était déjà là avant nous et  nous disait : «  Il faut que je vous installe et que je vois les choses. »

Mère Teresa a une vocation très très spéciale. Elle a découvert au contact des pauvres qu’il fallait les aimer comme Jésus. Elle a consacré toute sa vie non seulement aux élèves qu’elle a enseigné mais aux pauvres qui trainent dans les rues et  a fait pour eux des asiles pour eux.

Mère Teresa vivait de la Présence de l’Esprit Saint et en était toute concentrée . Elle parlait peu mais disait des choses très percutantes. Mère Teresa était une prophète.

Elle voulait aller jusqu’au bout des décisions qu’elle prenait.  Elle voulait venir elle-même à Rome pour demander un visa pour nous.

On sentait qu’elle vivait un amour intérieur très grand et très profond. Elle nous faisait partager dans la foi ce que le Seigneur lui disait à propos des petits handicapés,  des mourants,  des lépreux et des pauvres du monde entier.

 Dès qu’elle savait qu’il y avait une catastrophe elle le partageait avec ses sœurs. Si un pont avait sauté, elle entrait dans l‘eau et allait voir les gens de l’autre coté du fleuve.

Elle vivait dans une pauvreté totale et ne s’occupait absolument pas d’elle. Elle savait que le Seigneur était avec elle et elle lui faisait absolument confiance.

Alors que les sœurs de ses léproseries avaient beaucoup de travail et le lui avaient dit , elle leur demanda combien de temps , elles adoraient. Elles répondirent « 1h ». Elle leur dit « Faites une heure de plus. Au lieu d’une , vous en ferez deux ! ».
Elle recevait des dons. Les donateurs lui faisaient totalement confiance. Elle n’avait pas à donner de comptes de ce qu’elle faisait. Elle répondait à des besoins urgents.
Ce qui nous a beaucoup marqué est sa disponibilité, sa charité, sa confiance en Dieu totale.

En écoutant ses interlocuteurs, elle écoutait la réponse de Jésus et elle avait une détermination très grande. Rien ne pouvait l’arrêter. On se demande comment elle pouvait se reposer.  Son temps n’était pas à elle.

Un jour elle a envoyé le père Hnilicka pour consacrer la Russie à la Vierge. Comme il  n’avait pas de passeport, elle lui a donné son chapelet pour passer la douane. Evidemment les policiers n’ont pas accepté ce genre de passeport. Ils l’ont fait attendre deux jours dans la salle d’attente. Et après deux jours, ils lui ont dit de passer.
Elle s’est servie de sa foi non  seulement pour transporter des montagnes mais aussi pour sauter des barrières. Elle prenait vraiment l’Evangile au sérieux : « Tout ce que vous demanderez au Seigneur, , il vous le donnera ».

Elle reste pour nous un exemple d’amour de Jésus extraordinaire.

Ce qui nous a aussi le plus frappé chez Mère Teresa, c’est son identification radicale  avec les derniers et tous ceux qu’on montre du doigt. Elle vivait tellement avec Jésus qu’elle reproduisait en elle ce que Jésus a vécu au jardin de Gethsemani quand les sueurs de sang coulaient de son front.

Un jour nous étions avec elle dans une rue où une quinzaine de mamans tenaient des enfants  plus ou moins squelettiques. Elle a demandé à une maman si elle pouvait prendre pendant quelques minutes son petit enfant déjà en voyage vers le ciel. La maman lui a donné avec un grand sourire. Alors, nous avons assisté à une scène bouleversante. Mère Teresa mit ce petit enfant dans son cœur et ne faisait plus qu’Un ave Jésus sur la croix et  avec le petit squelette. Après l’avoir embrassé, elle l’a regardé longuement comme si elle avait le Saint Sacrement devant elle puis dans le silence de sa souffrance, elle l’a de nouveau embrassé cet enfant, l’a redonné à sa maman et elle est restée à contempler cette réalité qui était devant elle : une très grande souffrance , Jésus à Gethsemani et recueillant dans son cœur les gouttes de sang qui coulaient du front de Jésus.

En quittant la chapelle après l’Eucharistie , on se demandait souvent en la regardant : « Pourquoi rayonne-t-elle la paix et la joie ? » Mais en même temps « Pourquoi porte-t-elle la souffrance et la Croix, la méchanceté et le mépris des passants indifférents à ces pauvres gisants sur le trottoir ? »

Elle venait par  l’Eucharistie de ne faire qu’un avec son Bien Aimé Jésus Crucifié et battu pour porter dans son cœur toutes les Croix qu’elle allait rencontrer  dans sa journée.

FRERES Raymond et Pierre JACCARD