Souvenirs de l’enciellement du Père Pierre

23 Août, 2018 | Actualités

Un jour, sur un nuage, j’ai vu l’amour et la souffrance danser dans le jour décroissant, et chanter en dansant un hymne en hommage au Dieu qui leur avait donné le la.

Je me suis approché, étonné de voir l’amour aimer la souffrance, et la souffrance aimer l’amour. Comment pouvaient-ils se tenir par la main et s’aimer ainsi ?

Je les connaissais déjà bien l’un et l’autre. Lui, si beau, et elle, si laide.

Je me suis approché, étonné, et je vis que la souffrance avait changé de visage. Elle n’était plus laide, mais une beauté radieuse resplendissait sur son front rayonnant, une harmonie sereine flottait tout autour d’elle.

Surpris, j’ai tourné les yeux vers l’amour, et je le vis si beau, lui aussi, d’une beauté sublime, d’une beauté si radieuse que j’en fus ébloui. Une lumière qui n’est pas de ce monde régnait.

Alors, attentif, je restais immobile et j’entendis la souffrance dire à l’amour :

« Ne me quitte pas, toi qui m’a appelée. Je sais que sans toi, je serais laide. Dis-moi que tu ne me quitteras jamais, j’ai peur de me retrouver seule ». Et l’amour répondit, de cette voix en qui résonne l’Éternité :

« Ne crains rien, petite souffrance, ne sais-tu pas qu’avec toi, moi aussi je suis bien plus beau, bien que les mortels qui me voient sans toi ne puissent s’imaginer que la splendeur de mon visage puisse s’accroître. Oui, ma souffrance, je t’aime parce que tu achèves ma beauté et que, seule, tu sais la conduire à sa perfection, si pleine de lumière et de joie ». 

Longtemps, je restais devant cette scène, puis je m’enhardis et demandai à la souffrance et à l’amour de me prendre avec eux. Ils me mirent dans leurs bras et me prirent comme un enfant.

Toujours, toujours, je serai pauvre, toujours je chanterai avec eux un chant de louange à Dieu qui nous a fait don de sa grande Vie de Seigneur, Dieu de grande source, Dieu de plénitude. Dieu qui nous a unis, tous les trois, nous a fait Un.

Venez tous, venez toutes avec nous, l’hymne sera si pur et si léger qu’il montera d’un coup d’aile au plus haut des cieux, pour s’unir au chant de tous les anges…

L’abbé Pierre.